COMMUNIQUÉ DE PRESSE

NSAE (Nous Sommes Aussi l’Église) souhaite faire entendre sa voix au sujet des conditions très exceptionnelles que vit l’Église catholique, mais aussi tous les autres cultes et confessions, du fait du confinement imposé pour des raisons sanitaires. Cette situation, inédite, pose en effet de sérieux défis à des communautés dont le rassemblement constitue un élément essentiel de la vie de foi.

Nous relevons que si protestants, juifs et musulmans ont compris et admis les adaptations nécessaires, la hiérarchie catholique a cru bon d’émettre des protestations parfois véhémentes, et une frange de prêtres traditionalistes de manifester bruyamment. Nous notons surtout que les manifestations de cette petite rébellion se sont cristallisées sur une certaine représentation de l’eucharistie qui, loin du repas partagé que vivaient les communautés fondées par Paul, se trouve ramenée à un geste et des paroles magiques, et des bénédictions ostentatoires frisant le ridicule. Comme si l’institution catholique n’avait plus rien à dire à ce monde désemparé, plus rien à lui offrir.

Nous remarquons une fois encore que les propos du Pape François analysant le cléricalisme comme cause de bien des maux dont souffre l’Église catholique semblent inconnus de tous ces prêtres pratiquant en privé un tour de magie dont ils sont de fait les vedettes sacralisées. On nous dit qu’aller à la messe n’est pas la même chose qu’aller au cinéma, et c’est vrai, mais on nous sert des vidéos indigentes, pour montrer quoi ?

Cette situation a permis à de nombreux catholiques de réfléchir sur le sens profond de l’eucharistie, et donné lieu à de nombreuses et très riches prises de position. Le cléricalisme ne peut instrumentaliser l’eucharistie, c’est la communauté qui célèbre, non le prêtre seul et il ne peut y avoir de « messe privée ». Le temps des églises vides est celui de la réflexion : de nouvelles formes de vie chrétienne, sur la base de la Parole de l’Évangile, commencent à émerger.

On parle maintenant de permettre de célébrer la Pentecôte (31 mai) sans attendre la date du 2 juin. Souhaitons qu’un arrangement soit trouvé. Mais il convient alors de prendre en considération que nos frères musulmans s’en trouvent discriminés, eux qui doivent célébrer, le 24 mai, la fin du Ramadan. Pendant toute cette période, ils ont pris des dispositions contraignantes pour assurer les actes essentiels de partage, en s’éloignant de la pratique habituelle qui assure la communication personnelle, la communion. Et voici qu’une fois de plus, ils risquent de se sentir traités « autrement ».

Il est de la responsabilité politique de nos gouvernants d’appliquer les règles de la laïcité, y compris en ce qu’elles assurent « le libre exercice des cultes ». Il aurait aussi pu venir à l’idée de la hiérarchie catholique d’engager un dialogue avec les autres confessions, et singulièrement avec les musulmans, pour faire entendre une voix commune qui soit audible. Il serait plus que temps de quitter ce positionnement exclusif, surplombant la société, méprisant ou ignorant les autres. Ce n’est pas un ostensoir qui fera connaître Jésus de Nazareth.

6 mai 2020