Françoise était très contributive sur les Réseaux du Parvis qui fédèrent nombre d’associations (dont celle du CELY ici en Yvelines et NSAE), qui regroupent des chrétiens qui veulent vivre, partager et célébrer leur foi autrement et librement, en référence à l’esprit de justice et de fraternité de l’Evangile, religieusement critiques, spirituellement en recherche et humainement engagés. Parmi ces associations dont Françoise était partie prenante, voici le témoignage de NSAE.

Témoignage NSAE : “Françoise notre amie”

Françoise Gaudeul était une personne de communication et de partage.

Elle avait beaucoup de qualités relationnelles, faites de chaleur humaine et d’écoute. Ces qualités se sont manifestées dans les responsabilités qu’elle a assumées au sein de NSAE, en particulier dans nos moyens de communication (secrétariat du Conseil d’Administration, réalisation du Bulletin de liaison, alimentation du site internet…).

Sa foi, à la fois authentique et ancrée dans la vie, vitalisait nos échanges. Elle avait de grandes qualités d’accueil, avec une présence souriante. Elle avait à la fois de la rigueur, du discernement et de la combativité dans la défense des causes pour lesquelles elle s’engageait. Elle était créatrice de liens. Avec elle, on se sentait bien.

Témoignage de la Fédération des Réseaux du Parvis

Au souvenir de Françoise, j’associe les termes énergie, disponibilité, enthousiasme. Malgré sa nombreuse famille, ses proches amies et amis, son âge et ses graves problèmes de santé, jusqu’à ses derniers jours elle semblait inépuisable dans ses multiples engagements militants. Quelques jours avant la fin, elle avait participé au comité de rédaction de notre revue Parvis et elle s’était inscrite à notre Assemblée Générale qui devait se tenir en Bretagne au début de ce mois. Je n’oublierai pas les nombreuses interviews de personnalités diverses que j’ai faites avec elle pour les dossiers de notre revue. A tous les stades, prise de contact, préparation, entretien, transcription, les apports très riches de Françoise étaient essentiels.  Plus que la tristesse, c’est une immense gratitude que nous ressentons, pour les années de présence intelligente et chaleureuse, pour le regard lucide et bienveillant qu’elle a porté sur le monde et les personnes.  Sa vie déborde encore en nous, car elle a éveillé dans nos existences le désir de lutter sans agresser, d’aider sans abaisser, d’accueillir sans posséder. Oui, son départ est une immense perte, mais elle a tant semé autour d’elle de signes d’espérance !

Témoignage de l’association C.E.L.Y. (Croyants En Liberté Yvelines)

Je m’adresse à vous aujourd’hui au nom de l’association C.E.L.Y. (Croyants En Liberté Yvelines) dont Françoise faisait partie depuis sa création en 1995. Les objectifs de C.E.L.Y., entre autres, sont d’établir des passerelles entre l’Eglise et la société contemporaine et de contribuer à une réflexion sur le fonctionnement de l’Eglise.

Il nous est difficile à nous, membres de C.E.L.Y. et amis de Françoise depuis tant d’années, de l’entourer ici dans la tristesse alors que sa voix résonnait encore lors de notre dernière réunion du Conseil d’Administration (en Zoom) du 21 novembre et que son dernier message incluant son compte rendu date du 23.

Sa persévérance dans l’action illustre la vie militante de Françoise depuis que nous la connaissons (1995) ; ses activités ne se résumaient pas à C.E.L.Y. et se concrétisaient par sa participation à l’aumônerie du Collège Poincaré de Versailles pendant 20 ans, à celle de la prison des femmes de Versailles pendant 10 ans, au soutien scolaire jusqu’à une date récente. Elle fut paroissienne de Saint-Merry et même de Saint-Merry Hors-les-murs lorsque sa santé lui permettait. Elle fut également très active pour l’aide aux « migrants » par sa participation à la CIMADE et au Cercle du Silence de Versailles.

Dès 1998 Françoise est devenue vice-présidente et secrétaire de l’association, puis Présidente en juillet 2017 en conservant sa fonction de secrétaire, et cela jusqu’à ces derniers jours, malgré sa grande fatigue. En même temps elle assurait notre représentation auprès des Réseaux des Parvis (regroupement d’associations départementales identiques à la nôtre) et participait à la rédaction de leur revue.

Françoise, tu concrétisais avec ténacité dans ta vie les principes évangéliques : tes rapports humains étaient empreints d’amitié, d’entraide et de fraternité. Tous tes amis de C.E.L.Y. ne t’oublieront pas. Ton opiniâtreté, tes engagements, ta foi, ton courage nous montrent le chemin.

Conclusion de la célébration d’adieu (Michel Deheunynck)

Cette célébration va se terminer, Françoise. Mais demain, bien sûr, tu seras encore avec nous, inspirant nos échanges, nos prières, nos projets, nos actions.

Seigneur Dieu, toi qui es aussi et seras encore sur nos chemins, merci de nous avoir offert ce partenariat avec Françoise, toutes ces révoltes vécues ensemble dans la solidarité, tous ces sourires complices échangés dans la familiarité, toute cette foi qui nous a donné confiance et fait regarder toujours devant, comme on le dit en jargon ecclésiastique, jusque dans les siècles des siècles.

Françoise nous laisse un message à travers ce texte de Hans Küng qu’elle avait choisi.

« En ce qui me concerne personnellement, j’ai accepté le pari de Pascal et je parie sur Dieu et l’Infini contre le zéro et le rien. Je crois que ce Jésus de Nazareth était mort non pas pour entrer dans le néant, mais pour entrer dans le sein de Dieu.

Dans la confiance en ce message, j’espère donc en tant que chrétien, comme d’autres hommes dans d’autres religions, en une mort qui n’ira pas dans un néant. J’espère bien plutôt en une mort pour rejoindre la Réalité absolument première et ultime, dans le sein de Dieu.

Le risque demeure dans ce pari pour une confiance absolue, j’en suis naturellement bien conscient ; pourtant, j’en suis convaincu : même si je perdais ce pari à ma mort, je n’aurais rien perdu pour ma vie ; au contraire, j’aurais en toutes circonstances vécu mieux, plus joyeusement, avec plus de sens que si je n’avais eu aucune espérance.

C’est cela mon espérance éclairée, fondée : mourir, c’est prendre congé pour aller vers le dedans, c’est l’entrée et le retour dans le Fond et l’Origine du monde, notre patrie véritable ; un départ peut-être non dépourvu de souffrance et de peur mais, espérons-le malgré tout, avec l’esprit apaisé et dans l’abandon, en tout cas sans plaintes ni désespoir, plutôt dans une attente qui espère, une certitude sereine et une gratitude pour tout le bien et aussi le moins bien, qui est désormais derrière nous, grâce à Dieu !

Je pourrai alors comprendre la totalité inconcevable de la Réalité : Dieu comme l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin de toutes choses. Et donc, un mourir pour entrer dans la Lumière. »