Écrit par Les Réseaux du Parvis
Vendredi, 01 Janvier 2010 18:14
Que voulons-nous vivre en 2011 ?  Vers un changement de cap.

– Pouvons-nous aller vers une économie plurielle en construisant une économie sociale et solidaire, en diminuant progressivement le domaine économique qui fonctionne sur le seul profit.

– Pouvons-nous rechercher une évolution dans tous les domaines : la revitalisation des notions capitales de solidarité, de justice et aussi un ensemble d’évolutions dans un contexte de désintégration des solidarités traditionnelles.

– Expérimentons des industries coopératives, des entreprises citoyennes, le commerce équitable pour rechercher des régulations et limiter l’impératif du profit.

– Suscitons  des résistances aux intoxications consuméristes.

Pour cela cherchons à :

– Promouvoir l’alimentation de saison et de proximité qui favorise l’agriculture maraîchère et fermière.

Cherchons à substituer au règne du jetable celui des objets durables et des métiers de réparation, à favoriser le besoin d’objets artisanaux plutôt que des objets industriels.

– Il s’agit de prendre conscience que les relations de proximité, la valorisation des savoir-faire, la vie d’une cité, de quartiers, toute cette vie de proximité est plus importante que l’argent. C’est retrouver la part de dignité la responsabilité pour permettre l’épanouissement des relations humaines. Remplacer l’hégémonie, la suprématie de la quantité par celle de la qualité.

– L’Economie sociale doit être accompagnée de mesures politiques pour lutter contre les misères croissantes en favorisant les métiers de solidarité, de convivialité et en suscitant de grands travaux qui permettent de sauvegarder la planète.

– L’Economie sociale doit se développer dans la perspective d’une grande politique d’humanisation des villes et de revitalisation des campagnes.

– L’Economie de profit développe des fonctionnements inhumains. La misère matérielle, loin de disparaître, s’accroît. L’économie de profit entraîne un fonctionnement inhumain en voulant tout rationnaliser, rentabiliser, hyperspécialiser, chronométrer, c’est-à-dire déshumaniser                                     le travail. Les impératifs managériaux et gestionnaires produisent de plus en plus de souffrances dont témoignent les suicides dans les entreprises managérisées.

– La logique d’efficacité, de prédictibilité, de calculabilité hyperspécialisée et chronométrée gangrène aujourd’hui toutes les activités humaines, y compris l’administration, les services publics, la santé. La mécanisation prend les commandes du monde urbain et même du monde rural, avec l’agriculture et l’élevage industrialisés. Elle envahit la vie quotidienne, l’éducation, la consommation, les loisirs, les services…

– Pour changer de cap, il faut associer mondialisation et démondialisation (par le retour aux économies de proximité) croissances et décroissances, développement et enveloppement (par le retour vers nos plus profondes nécessités intérieures).

– Mondialisation, occidentalisation, développement sont les trois faces d’un dynamisme incontrôlé. Le développement techno-économique s’est appliqué sur tous les continents sans tenir compte des singularités propres à chaque nation en valorisant les savoirs, savoir-faire, les arts de vie, les valeurs des multiples cultures.

La science, la technique, l’économie, le profit sont les moteurs de ce dynamisme qui comporte ce que les anciens Grecs appelaient l’ubris – la démesure. Dans cette course effrénée, de nouveaux périls pour toute l’humanité sont apparus avec la prolifération des armes nucléaires, la dégradation de la biosphère, des conflits de mille fanatismes et aveuglements etc.

La crise économique actuelle, que Keynes aurait appelé ” crise de l’économie ” c’est-à-dire crise du système fondé sur les lois du seul marché, s’inscrit dans un ensemble de crises. Crise de la relation entre les humains et la nature, dont témoignent les multiples dégradations de la biosphère, dont le réchauffement climatique. Crise des sociétés traditionnelles qui tendent à se désintégrer sous le dynamisme de l’occidentalisation ou à se refermer avec hostilité. Crise de la  modernité elle-même, qui, dans les pays occidentaux n’a pas réalisé les promesses d’une vie meilleure et harmonieuse, mais crée un nouveau mal-être, malgré l’idée formulée par Condorcet et devenue un dogme universel jusqu’à la fin du XXiéme siècle, que le progrès est une loi irréductible de l’histoire humaine. L’ensemble de toutes ces crises constitue la crise de l’humanité qui n’arrive pas à devenir humanité.

Ainsi le développement de l’économie sociale et solidaire s’inscrira dans une perspective incluant toute l’humanité. Ce qui n’empêche nullement de commencer dans un cadre national.  La voie de l’économie sociale et solidaire peut et doit confluer avec d’autres voies réformatrices pour développer et sauvegarder les richesses de la planète et les valeurs humaines de justice, de solidarité, de partage pour un mieux-être de tous.

Réflexions à partir du livre d’Edgar Morin : « Ma Gauche » Bourin éditeur, 2010.