Un cri… Des cris…

Aujourd’hui le cri des humains va se surmultipliant. En 1950 la population mondiale était d’environ 2,5 milliards. Depuis le 31 octobre 2012 sept milliards de femmes et d’hommes peuplent la terre. Jamais encore les humains n’ont eu autant de contemporains. Journellement nous entendons leurs cris proches ou lointains. Nous découvrons des situations souvent dramatiques, parfois insupportables : famines, génocides, esclavages, injustices sociales, tendances religieuses rétrogrades. Tous les jours nous pouvons découvrir les cris d’humains dans la presse, par la radio, la télévision, au travail, dans le voisinage et tout simplement autour de nous. Nous pouvons aussi rencontrer des « indignés » qui se sont levés, qui se lèvent ou qui se lèveront pour faire changer de direction à une société qui se mondialise et essayant d’imposer son dieu : l’argent et le profit.

Mais depuis des décades un autre cri se fait entendre… Il est plus discret, car il ne parle pas.

Il est plus fondamental car il vise le long terme. Il est plus vaste car il dépasse les limites de notre localité, de notre pays, et même de notre planète. Ce cri vient se joindre à celui des humains. Il s’agit du cri de la nature, de la planète qu’on exploite et que l’on pollue, des espaces sidéraux, proches et bientôt lointains qui commencent à être transformés en poubelles.

Des espèces animales et végétales disparaissent, non pas parce que leur temps était révolu (ce qui serait normal), mais à cause de l’exploitation humaine de la planète (forêts tropicales, mers et océans…). Pire encore, nous accumulons avec une inconscience enfantine des dangers pour l’avenir. Il s’agit des déchets atomiques que nous enterrons en laissant à ceux qui suivront le soin de les protéger et de transmettre le mode d’emploi aux générations suivantes. Ceci pendant des dizaines de milliers d’années, le temps qui nous sépare de la dernière glaciation. Aujourd’hui, il ne faudrait pas que le « Toujours plus » vanté superbement à la fin du XXème siècle devienne « Après nous le déluge ». Quel serait alors le cri des générations futures ?

Nous nous rendons compte aujourd’hui qu’en ayant vécu des millénaires sous l’ordre de Dieu : « Dominez la terre », la page est tournée pour revenir à un ordre apparu dans l’histoire biblique, avant le « Dominez » : « Servez ce jardin qu’est la terre et préservez-la. » Le temps presse. Si ce n’est pas déjà trop tard.

Le 6 avril 2007 est une date importante pour l’Humanité. Qui s’en souvient ? Pourtant ignorée. C’était un début. Le jour où les humains commencent à se rendre compte qu’ils sont et deviennent de plus en plus responsables des siècles à venir. C’est le jour où pour la première fois le GIEC (Groupe international d’experts sur l’évolution du climat) reconnaît une part de responsabilité humaine dans l’accélération du réchauffement climatique.

Au début du troisième millénaire deux cris nous interpellent vigoureusement : celui de la planète fragilisée et celui des humains exclus ou esclaves d’un certain progrès.

Les générations à venir entendront-elles et prendront-elles au sérieux ce double appel… ? Alors seulement pourrait commencer à se réaliser, dans la lucidité, la sauvegarde de notre planète et de l’équitable répartition des biens… Sans oublier qu’une telle espérance n’est valable que si on commence soi-même à la mettre en œuvre. Si c’est le cas, nous pourrions relire – et réécrire – les cris des psaumes de façon neuve chaque matin « pour les siècles des siècles ».

Albert Hari.