Chrétiens et musulmans un même Dieu

Et deux mondes qui s’ignorent…

L’islam dit s’inscrire dans la continuité du judaïsme et du christianisme, dont il reprend une partie de la révélation en l’adaptant à la société arabe de l’époque du Prophète. Un même Dieu, une même dévotion à la Vierge, un même hommage aux 7 dormants d’Ephèse… Oui mais refus aussi de ce qui fait le socle du christianisme, Jésus fils de Dieu et Dieu lui-même dans le cadre du dogme de la Trinité – encore qu’affirmé seulement au IVème siècle – et c’est une divergence majeure.

Alors on a souvent préféré se renfermer sur ses certitudes, chacun affirmant détenir la Vérité, se combattre en accusant les uns d’adorer un faux prophète et les autres un faux Dieu. Aujourd’hui les luttes deviennent largement idéologiques et politiques. Prévaut au mieux l’ignorance de part et d’autres, au pire les invectives avec des amalgames du genre terroristes contre croisés.

La critique réciproque, enrichissante si elle est menée dans un dialogue respectueux des personnes et de l’histoire, semble souvent refusée. C’est par un rappel historique des relations entre deux mondes de croyants que Michel Roussel a mis en lumière ce qui nous divise et ce qui nous unit. Seule une volonté réciproque de dialogue et de rencontres en profondeur peut permettre une connaissance mutuelle et ouvrir au dépassement des représentations.

Si le dialogue s’instaure c’est à partir de la prise de conscience qu’il y a beaucoup en commun et beaucoup d’éléments qui divisent. Cette conscience équilibrée permet d’éviter de s’enfermer dans la suspicion, fondement de conflit potentiel.

À maintes reprises, les participants ont relevé la manifestation fréquente de peurs de divers ordres. Si elles peuvent s’expliquer par un contexte socio-économique difficile, elles sont également souvent relayées par des structures administratives qui s’inscrivent dans une dimension politique et s’expriment dans un vocabulaire « fourre tout » qui n’est pas de nature à améliorer les relations. Par ailleurs, de nombreuses expériences positives ont été rapportées.

Elles associent fréquemment la dimension multiculturelle à la dimension multireligieuse. Elles permettent la construction d’une conscience éclairée dans le contexte de la mondialisation. La complexité de situations sur la scène internationale vient souvent perturber la volonté de dialogue et de rencontre qui implique un effort considérable pour désenclaver la rencontre d’un contexte conflictuel dominant (exemple : les conditions faites au peuple palestinien ou la politique française face aux mondes arabo-musulmans).

On relève également l’importance que peut avoir l’expérience de vivre en tant que minorité pour comprendre, de l’intérieur, certains positionnements ou certaines attitudes qui peuvent rendre le dialogue difficile. Plusieurs témoignages ont permis d’identifier les espaces de dialogue et de compréhension mutuelle : école, associations, quartiers, famille. Mais également des contextes particuliers qui favorisent la mise en dialogue et la connaissance mutuelle : engagement associatif, indignation face à certaines situations de fragilisation sociale (logement, migration, centre de rétention etc.).

Le partage de moments de convivialité liés aux fêtes religieuses apparaît comme un espace-temps très favorable à une rencontre et un dialogue en profondeur. Naturellement, toutes ces démarches de rencontre et leur impact sur le fonctionnement de nos sociétés interrogent grandement le concept de laïcité dont les participants ont relevé l’importance pour consolider les capacités d’un « vivre ensemble » dans le respect des convictions des femmes et des hommes qui composent nos sociétés.