Vient de paraître

 Les Réseaux des Parvis

 La revue de la Fédération des Réseaux du Parvis

 Numéro 66 – Janvier – février 2015

 Dossier :

 Une terre vivable pour demain

 

Editorial

L’homme ne choisit pas l’environnement dans lequel il naît et qui lui est plus ou moins favorable naturellement, parfois hostile. Les espèces animales se soumettent et s’adaptent à leur milieu de vie ou disparaissent : c’est la loi de la nature. Les hommes aussi se sont adaptés aux contraintes et aux atouts naturels, mais ils se sont également appliqués à exploiter puis à transformer la nature à leur avantage et à leur profit.

Si l’histoire de l’humanité est une suite de révolutions agricoles, énergétiques, industrielles, scientifiques, qui ont incontestablement apporté des progrès, elle est aussi marquée par des catastrophes et des guerres destructrices. Aujourd’hui, l’homme a la capacité d’améliorer les conditions de vie de l’humanité entière. Mais il a également le pouvoir de détruire l’espèce humaine, d’épuiser durablement sources d’énergie et matières premières et de rendre la terre invivable pour ses descendants. En fait c’est un groupe restreint d’hommes qui tient entre ses mains l’avenir du monde en contrôlant les flux financiers, en dirigeant l’économie et en soumettant le pouvoir politique. Par l’intermédiaire d’un système productif et d’un mercantilisme à l’échelle planétaire, ceux-ci décident des formes de développement et d’exploitation des richesses au profit d’une partie seulement des êtres humains.

Il a fallu attendre la fin du 20ème siècle avec l’impressionnante croissance démographique du tiers-monde, qui revendique à son tour l’accès aux modes de production et de consommation occidentales, la crise du pétrole et la multiplication des pollutions pour que les cris d’alarme d’associations citoyennes commencent à être entendus. Avec les menaces sur la biosphère, l’urgence apparaît désormais clairement aux dirigeants politiques et aux organismes internationaux, beaucoup plus cependant que les solutions qu’ils proposent pour remédier aux déséquilibres.

Et nous, quelle terre voulons-nous ? Une terre où plus personne ne souffre de la faim, où la coopération se substitue à la compétition, où les droits humains et la dignité de chacun soient respectés, où la justice sociale et un partage équitable des richesses et des ressources soient garantis, où la vie démocratique et la participation citoyenne soient effectives, où le vivre ensemble  et la fraternité soient rendus possibles par le dialogue et le respect de la différence, où les équilibres écologiques soient préservés et les ressources naturelles gérées durablement et avec sobriété.

La réalisation d’un tel monde exige un développement économique et humain simultané. Les sociétés civiles font émerger des alternatives qui se concrétisent en termes à la fois d’initiatives de développement économique, social et culturel, et de propositions politiques. Participer à la formulation et à l’approfondissement de ces alternatives, à leur convergence en une vision cohérente et prospective, n’est-ce pas un défi à relever pour tout homme soucieux de rendre la terre vivable pour demain ? Et pour les chrétiens n’est-ce pas aussi révéler l’amour de Dieu présent en chaque personne ?

Jean-Paul Blatz

Sommaire du dossier

Une terre vivable pour demain

 

De la crise énergétique à la protection de la nature. – Entretien avec Marc Stenger

La crise énergétique débouche sur une crise écologique et est à l’origine de violences dans le monde. Il est urgent d’envisager une croissance raisonnable et un développement économique, social et humain soutenable. Ces impératifs s’imposent à toute l’humanité. Mais pour l’évêque de Troyes, dans ces engagements, une responsabilité particulière n’incombe-t-elle pas aux chrétiens qui ont conscience qu’en sauvegardant la nature, ils protègent aussi la création dont la gestion a été confiée aux hommes ?

La transition écologique, une chance pour l’économie et la justice ? – Jean-Bernard Jolly

L’actualité enregistre chaque jour les reculades des gouvernements face aux profits à court terme qui seuls motivent les décideurs économiques. Faut-il s’accommoder de ce que les dirigeants du néolibéralisme décident entre eux ? L’avenir ne passe-t-il par des initiatives locales autour d’intérêts communs ? Pour que ces actions soient efficaces, un autre fonctionnement de la société n’est-il pas nécessaire ?

Au soleil et en plein vent ! – Jean-Pierre Schmitz

Evoquant la transition énergétique, qui ne rêve de substituer des énergies renouvelables aux énergies fossiles ? Un changement qui paraît simple sur les principes mais qui implique des conditions ; un débat démocratique pour décider des solutions, une réduction drastique de la consommation d’énergie et une réalisation technique fiable dans le respect de l’environnement.

Penser global, agir local. Les éco-quartiers – Jean-Paul Blatz

Les espaces urbains sont énergivores et émettent beaucoup de gaz à effet de serre. Une solution : les éco-quartiers qui réduisent l’empreinte écologique et intègrent les critères du développement durable tont en créent des lieux de vie attractifs pour les habitants.

La sobriété, responsabilité de chacun – Nicole Palfroy

Comment concilier la nécessité de mettre un frein à la surconsommation et le besoin de donner du travail à tous ? Pour changer le monde, l’être humain doit d’abord changer lui-même. A la croissance en vue d’un profit sans limite, il est nécessaire de substituer une économie qui ne dégradera pas la nature et veillera à répartir les richesses entre tous.

L’éducation à l’environnement et au développement durable pour un changement collectif de comportements.- Jean-Paul Blatz

Les tâches de l’école sont multiples : enseigner l’écologie comme discipline, amener les élèves à réfléchir par eux-mêmes aux conséquences durables de leurs actions, former des écocitoyens responsables et des consommateurs sensibilisés au commerce équitable.

Les droits de la Terre-Mère

En 2010, une conférence des peuples sur le climat réunie à Cochabamba, en Bolivie, déclara qu’il était nécessaire de reconnaître et d’appliquer véritablement les droits de la Terre-Mère afin de garantir les droits de l’homme et de rétablir l’harmonie avec la nature.

Le christianisme au défi de l’écologie. – Anthony Favier

Est-il possible de sortir de la crie économique uniquement par des réformes politico-économiques, des chartes éthiques, des avancées technologiques et des éco-gestes au quotidien ? Ne faudrait-il pas compléter ces actions par une éco-spiritualité que le christianisme pourrait inspirer ?

Une lecture chrétienne de la cris écologique

En 2012, les évêques de France se sont exprimés sur les Enjeux et délits écologiques pour l’avenir. Ils nous invitent à des nouvelles relations humaines comme une des solution à la crise. L’autre doit devenir promesse d’un projet commun porteur de plus de vie pour chacun.

L’Eglise et la question écologique. – Georges Heichelbech

La crise écologique nous révèle un monde qui nous est devenu étranger alors qu’il demeure le lieu de la rencontre avec ce Dieu du ciel et de la terre. L’inquiétude écologique doit stimuler plus encore l’espérance chrétienne. Elle doit susciter lucidité politique et théologique à la lumière du Ressuscité.

Pourquoi tant de réticences à l’écologie ? – Georges Heichelbech

La responsabilité sociale des entrepreneurs, les critères des investisseurs et les décisions politiques devraient tenir compte du bien commun à long terme. Pourquoi est-ce si peu le cas ? Certains affirment que des attitudes écologiques reviennent trop chères. L’inaction ne coûtera-il pas plus chère dans peu de temps ?

Jean-Paul Blatz