Écrit par Les Réseaux du Parvis
Mardi, 13 Mars 2012 17:50

La domination de la sphère financière

Ne pas confondre économie monétaire et économie financière. Elle s’est autonomisée non seulement par rapport à la régulation politique, mais aussi aux grandes institutions bancaires : les nouveaux produits financiers, les marchés de gré à gré, les fonds vautours, private equity etc… Dans un monde qui demeure structuré en États nations multiples, la finance mondialement intégrée par les bourses et les marchés financiers met le monde sous la souveraineté de l’argent. Les pauvres dérangent.

La priorité donnée à la valeur pour l’actionnaire

Avant le profit était un reliquat de l’activité économique. Quand on avait rémunéré les salariés, payé les fournisseurs et acquitté les impôts et les charges sociales, ce qui restait était réinvesti dans l’entreprise pour son développement. Le reste allait aux actionnaires. Maintenant, c’est l’inverse. Le chef d’entreprise a pour objectif principal la valeur pour l’actionnaire. De ce fait, quelle que soit l’utilité sociale de ce qu’il produit, son entreprise est de fait transformée en institution financière. Les salaires sont une charge désignée comme insupportable. En 30 ans en France, la part des salaires est passée de 70% du revenu national à 60% tandis que les profits le sont de 30% à 40%. Les pauvres ne sont plus seulement des marginaux, ce sont les travailleurs les moins protégés par les lois et les conventions.

Une fiscalité insuffisamment redistributive

Le taux marginal de l’IRPP était de 65% après la Libération, il est aujourd’hui de 40%. C’est pourtant l’outil essentiel de réduction des inégalités des revenus et des patrimoines. Depuis 2007, les droits de succession ont été supprimés et le bouclier fiscal a été introduit. Les impôts

sur les sociétés sont beaucoup plus faibles qu’ils ne paraissent grâce à des exemptions importantes et l’existence de niches fiscales. Il n’y a plus d’argent pour les pauvres, et les associations qui les défendent sont étranglées. Les budgets des politiques sociales sont rabotés. Dans une société de plus en plus riche, où la majorité de la population a dépassé le seuil de satisfaction de ses besoins essentiels, l’objectif politique majeur ne doit plus être « enrichissez-vous », mais l’argent doit aller prioritairement à la satisfaction des besoins collectifs et à l’aide aux personnes en difficulté.

Propositions de l’Atelier :

– développer l’économie sociale, mutualiste, solidaire ;

– renforcer le commerce équitable ;

– faciliter le micro-crédit ;

– veiller à la façon dont on consomme personnellement et dont on place son épargne (cf. épargne solidaire) ;

– développer la citoyenneté responsable en éveillant les consciences. D’où insistance particulière sur :

1/le rôle décisif de l’éducation en général

2/l’importance d’une action sur la « culture », pour opérer le changement nécessaire des mentalités en matière de production, consommation, richesse, mode de vie ;

– mettre en valeur et développer des actions et des procès comme ceux menés par « Transparency International » ;

– remettre en cause une approche purement globale et quantitative du « taux de croissance », alors qu’il s’agit de savoir de quoi est faite concrètement la croissance ;

– actions et pressions à exercer au plan politique car, en régime démocratique, le pouvoir est contraint de tenir compte de l’opinion. Obtenir que le pouvoir politique contrôle le pouvoir financier ;

– pressions à exercer sur le Vatican qui est un des paradis fiscaux.

Devant le capitalisme brutal d’une oligarchie financière détruisant la planète et amplifiant les inégalités sociales, entraînant toute l’humanité vers une crise majeure, multiple aussi bien sur les plans humain, écologique, social et politique, nous lançons un appel à toutes les femmes et tous les hommes de foi et de bonne volonté à s’engager personnellement et collectivement. Que le souffle de l’Évangile transparaisse à chaque instant de nos vies, et qu’ensemble nous puissions célébrer la gloire de Dieu présent en notre humanité.