130 personnes ont participé à l’Assemblée Générale des Réseaux du Parvis à ST Chamond, le 30 novembre, 1er et 2 décembre 2012

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La plupart des personnes sont arrivées en début d’après-midi. Une visite du site de « NOVACIERIES » à Saint Chamond a permis de découvrir  une opération de requalification urbaine à partir d’un espace industriel autrefois occupé par le GIAT Industrie. Deux anciens membres de l’entreprise ont évoqué la vie sociale, le travail des ateliers, les productions de l’usine. 130 personnes ont participé à l’assemblée générale des Réseaux des Parvis à Saint Chamond, le 30 novembre, 1èr et 2 décembre 2012

Quatre mots ont été choisis pour le spectacle : Liberté, égalité, fraternité et dignité.

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Témoignage : « Pour moi c’est une grande aventure, cela me permet de sortir du monde du handicap, rencontrer des personnes… »

C’est une aventure qui n’est pas terminée, une odyssée… un voyage riche en aventures et en péripéties…

Samedi 1er décembre

34 associations sont présentes ou représentées (38 associations ont payé leur cotisation en 2012 à la date du 1er décembre 2012).

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Accueil par Jean-Pierre Schmitz

Il évoque notamment les orientations de l’année dernière qui ont servi de base de travail au bureau.

Annonce des différents rapports et votes, et de l’organisation de l’après-midi.

Dimanche matin : réunion du CA et élection du bureau (appel à candidatures). Réunion du bureau, désignation des différentes fonctions, dates des CA et réunions de bureau.

50 ans de l’indépendance de l’Algérie : voyage organisé par Michel Roussel ; colloque organisé par les Amis du 68 le 13 octobre, les actes sont déjà publiés. Voir aussi l’exposition de Christine Peyret.

Le sujet du mariage pour tous : nombreux échanges dans les associations et le bureau. Cf. le texte du bureau sur le site web. Un débat sur le sujet prendrait trop de temps. Gerardo prendra la parole au nom de DJ.

Rapport d’activité – Jean Pierre Schmitz

Importance du lien entre les associations et le Bureau

Souci du vieillissement des membres, départ de certaines associations.

JPS explique la suppression de la formule de couverture et présente la formule de présentation p. 2 de la revue → « définir » Parvis.  La question du dedans/dehors de l’Eglise reste posée, chaque association se situe différemment ; sortir « par le haut » de cette question. Importance des Réseaux, le but de la Fédération n’est pas de créer une parole unique mais de mettre en lien les associations.

Les membres du bureau ont participé à des évènements dans une 20aine d’associations.

Peu d’avancées dans la création de groupes régionaux. Un groupe intéressé par Parvis dans l’Isère (lecteurs de Evangile et Liberté)

L’International – Didier Vanhoutte (on parlera de Concile 50 dimanche matin).

« Donnez-moi un levier et je soulèverai le monde ». On trouve les mêmes débats, les mêmes réflexions partout dans le monde.

Annonce, par exemple, du prix de la démocratie reçu par Sœur Simone (religieuse américaine).

Il y a beaucoup de domaines sur lesquels on peut travailler, cf. l’avancée de la question de la laïcité dans le réseau européen.

IMWAC veut s’intéresser à des zones du monde où il n’y a pas de contacts : Afrique et Asie (Corée, Inde).

Les jeunes…

La revue –  Jean-Marie Kohler

Enquête auprès des lecteurs.

La revue ne peut vivre que des apports de la base. Rédaction = effort de réflexion commune avec la base. Envoyer des textes, des images.

Question sur la périodicité : un bimestriel permettrait plus de proximité avec les lecteurs mais nécessiterait la suppression du hors-série.

1500 abonnés → problème de survie de la revue ; il faut un gros effort de diffusion à travers les associations. Pour l’instant le budget est encore en déficit.

Le site web – Maurice Elain : on a toujours besoin d’aide  la page facebook – Georges Heichelbech

Amis de Parvis –  Bernadette Tronchon – prendre contact avec les membres du collectif géographiquement proches de nos associations.

OCL – Jean Riedinger

Faire savoir qu’on peut être laïque et chrétien par nécessité évangélique. Religion = affaire privée mais pas intime, donc on peut avoir une parole publique. Mais les évêques ne représentent pas les chrétiens, et ne peuvent pas intervenir en notre nom. La question du mariage pour tous concerne les citoyens.

Evangile et Société – Lucienne Gouggenheim

12 associations dans ce groupe. Lucienne rappelle le colloque sur l’Algérie organisé avec les amis du 68.

Projets du GES : réfléchir simultanément à m’expression de notre foi et notre action par rapport à ce qui se passe dans le monde. Double réflexion lors d’une journée de travail : Jacques Musset et des membres de Redes Cristianas.

Rapport financier – Georges Heichelbech

« On ne demande pas de frais d’inscriptions aux AG ».

Question du financement des spectacles lors des AG : le coût de la qualité.

Les votes : 34 associations présentes ou représentées correspondant à 67 voix.

Le rapport d’activité : 66 voix pour, 1 voix contre

Le rapport financier : 67 voix pour

Un débat a eu lieu concernant des frais d’inscription éventuels pour la prochaine Assemblée Générale. Ce débat sera repris en Conseil d’administration : L’Assemblée Générale mandate le Conseil d’Administration pour étudier “une contribution des associations aux frais de l’organisation de l’AG et de la rencontre en 2013.”

La cotisation est votée à l’unanimité à 2 euros par adhérent.

Pour le collectif des amis de Parvis 10 euros par adhérent si la personne est abonnée à la Revue, 15 euros par adhérent si la personne n’est pas abonnée à la Revue.

 Le Voyage en Algérie – Michel Roussel

Importance des rencontres, notamment avec les communautés chrétiennes et leurs évêques, qui ne ressemblent pas à Mgr Barbarin ou Vingt-Trois !

Mais aussi, par exemple, prière commune avec des musulmans, rencontre avec des soufis, avec un écrivain.

A Tibhirine , rencontre avec le frère jardinier, visite du cimetière, des cellules, etc.

Accueil très chaleureux de la population, y compris dans les mosquées.

Didier présente les actes du colloque du 13 octobre 2012.

Le samedi après-midi : trois témoignages :

Roger Millet : la solidarité avec les Roms

Anthony Favier : Parvis et le lien avec les jeunes

Annie Grazon : être chrétien dans le monde d’aujourd’hui.

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Intervention d’Elfriede Harth

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La question des femmes 50 ans après le Concile Vatican II

On m’a invitée pour parler sur « la question des femmes » 50 ans après le Concile Vatican II, un peu pour faire bilan, mais aussi, dans l’optique de la préparation du cinquantenaire de la clôture de Vatican II, en 2015. J’ai prévenu que je ne parlerai pas sur ce qui se passe au sein de l’Eglise institutionnelle, où la hiérarchie s’obstine à promouvoir une théologie de l’inégalité entre femmes et hommes qui entre autres est en flagrante contradiction avec le sacrement du baptême. Je ne parlerai pas non plus de la résistance des religieuses américaines au Vatican. Mais je préfère regarder un peu la question des femmes dans ce monde sur lequel Vatican II voulait que s’ouvre l’Eglise. Ce monde dans lequel nous, la communauté des disciples de Jésus, femmes et hommes, devrions être le sel et la levure.

Comme l’a montré la théologie féministe, les femmes ont joué un rôle très important dans la vie de Jésus et aussi après, dans les premières communautés chrétiennes, mais aussi tout au long de l’histoire du christianisme. La plupart du temps leur présence et leur action sont cependant restées invisibles et dévalorisées.  Ou alors, par exemple avec les procès aux sorcières, les femmes ont servi de bouc émissaire ou de surface de projection pour toutes les angoisses et complexes des hommes, et notamment des hommes d’Eglise.

Cela a beaucoup changé depuis le Concile. Non pas parce que les femmes soient plus actives qu’autrefois, mais probablement plutôt parce que leur présence et leur action ont gagné en visibilité. Parce qu’elles ont pris la parole et commencé a parler en première personne, à se dire elles-mêmes, et parce qu’elles rejettent de plus en plus de se laisser définir par les hommes au pouvoir et d’avoir des comportements normés par une culture patriarcale.

J’ai choisi de structurer mon exposé en partant d’un document du Pape Jean XXIII publié en 1963, peu après l’inauguration du Concile Vatican II et deux mois avant sa mort. Il s’agit de l’encyclique Pacem in terrisSur la paix entre toutes les nations, fondée sur la vérité, la justice, la charité, la liberté.

On peut y voir son testament. Elle fut rédigée sous le coup de la crise des missiles à Cuba et de la menace d’une guerre nucléaire. Pour la première fois dans l’Eglise, un pape se dirige non seulement aux catholiques mais à toute personne de bonne volonté. Et l’encyclique reconnaît la légitimité des Droits humains, elle s’en approprie en quelque sorte. Avec cette encyclique, nous assistons à une conversion de l’Eglise. Après les avoir combattus, l’Eglise se met désormais en scène comme la grande défenseure des Droits humains. Zèle qui diminue cependant depuis quelque temps. Serait-ce parce qu’elle se voit de plus en plus acculée dans la défensive quant a l’état des Droits humains en son propre sein ?

Pacem in terris est également l’encyclique qui nous indique comment Jean XXIII diagnostiquait les trois défis centraux du monde auquel l’Eglise devait s’ouvrir. Qu’il définît comme les trois signes du temps.

J’ai choisi de regarder comment des femmes ont contribué au façonnement de la réalité que nous vivons dans les trois domaines retenus par le Pape, et qui ont eu et ont une grande influence aussi sur la vie au sein de notre communauté ecclésiale.

Je cite :

« 40 – D’abord la promotion économique et sociale des classes laborieuses.

Celles-ci ont, en premier lieu, concentré leur effort dans la revendication de droits surtout économiques et sociaux ; puis elles ont élargi cet effort au plan politique ; enfin au droit de participer dans les formes appropriées aux biens de la culture. Aujourd’hui, chez les travailleurs de tous les pays, l’exigence est vivement sentie d’être considérés et traités non comme des êtres sans raison ni liberté, dont on use à son gré, mais comme des personnes, dans tous les secteurs de la vie collective : secteur économico-social, culturel et politique.

41 – Une seconde constatation s’impose à tout observateur : l’entrée de la femme dans la vie publique, plus rapide peut-être dans les peuples de civilisation chrétienne ; plus lente, mais de façon toujours ample, au sein des autres traditions ou cultures. De plus en plus consciente de sa dignité humaine, la femme n’admet plus d’être considérée comme un instrument ; elle exige qu’on la traite comme une personne aussi bien au foyer que dans la vie publique.

42 – Enfin l’humanité, par rapport à un passé récent, présente une organisation sociale et politique profondément transformée. Plus de peuples dominateurs et de peuples dominés : toutes les nations ont constitué ou constituent des communautés politiques indépendantes.

Voilà donc sur quoi je vous invite à réfléchir aujourd’hui :

Dans un premier temps nous regarderons le monde du travail. Dans un deuxième temps nous nous arrêterons sur les femmes comme sujet politique et la réorganisation de l’espace public et privée, et finalement on réfléchira un peu sur la question des femmes et la décolonisation.

Premier signe des temps : Les travailleurs rejettent un modèle économique et social qui nie leur humanité ou Une éthique sociale féministe de libération

Cela fait donc plus de 50 ans qu’ils ont rejeté ce système. Et – où en sommes-nous aujourd’hui ?

Avons-nous réussi depuis 50 ans l’humanisation du système économique et social?

La crise actuelle semble le contredire : Le phénomène de l’EXCLUSION ne cesse de grandir, accompagné d’une augmentation flagrante des maladies psychiques, de la consommation de tranquillisants. La croissance économique va de pair avec une dégradation de l’environnement et l’EXODE de populations toujours plus nombreuses de leur milieu d’origine.

Les remèdes proposés par ceux qui nous gouvernent ne semblent pas avoir l’effet désiré. Pourquoi ?

Ne serait-ce peut-être parce qu’ils n’osent pas changer de regard, d’abandonner un paradigme démodé ?  Comment pourraient-ils trouver des remèdes aux maux engendrés par le patriarcat s’ils s’accrochent à gérer le monde selon cette logique ?

C’est l’hypothèse d’un groupe de féministes des pays européens de langue allemande, qui à partir du postulat que le patriarcat est moribond se sont lancées dans une analyse féministe de notre monde actuel dans le but de rendre possible le Bon Vivre pour toutes et pour tous.

Que disent-elles ?

Elles affirment qu’il faut recadrer le concept d’ECONOMIE et le libérer de l’emprise du fondamentalisme néolibéral. Elles produisent une éthique sociale féministe de la libération.

Contrairement au dogme du fondamentalisme néolibéral l’économie n’est pas le Marché.

Le mot « Economie », qui est d’origine grecque, est composé de deux notions : oikos – maison, dans le sens de la cellule sociale constituée par l’ensemble de tous ceux et celles qui composent la grande famille à l’époque de la polis grecque y compris les esclaves et les animaux domestiques. Ils sont tous propriété du chef de la maison et lui sont donc tous et toutes assujettis. Puis nomos l’administration.

Alors selon la définition classique de l’économie il s’agit administrer les biens et services d’une maison ou d’une société pour satisfaire les besoins de tous ceux qui en font partie.

Cela implique que nous sommes des êtres NECESSITEUX. Que nous avons des besoins qui doivent être satisfaits. Nous dépendons les uns des autres. Nous ne pouvons pas exister au singulier, mais nous sommes par nature des êtres au pluriel. Comme nous le professons d’ailleurs, nous sommes créés à l’image d’un Dieu trinitaire.

Nous avons été créés dépendants et nécessiteux. Et cela commence avec notre naissance, notre nativité. Car avant d’être des mortels, nous sommes d’abord des êtres qui avons pris forme et avons passée les premiers mois de notre existence dans une matrice ou utérus : dans le corps vivant d’une femme. Et à la naissance, en sortant de la matrice de notre mère, nous avons continué à vivre dans une matrice plus large, dont nous dépendons et qui est constituée par l’environnement naturel et social dans lequel nous baignons et sans lequel toute vie est impossible.  A notre naissance, il a fallu que l’on prenne soin de nous pour survivre. On nous a absolument tout donné et cela dans la gratuité absolue : La nourriture, la protection, le langage, etc…

Ce sont des faits que le patriarcat a toujours essayé d’effacer, de rendre invisibles, car ils mettent en question un postulat central de la vision patriarcale du monde, celle de l’existence d’êtres autonomes. Le modèle de l‘être humain est l’homme autonome. Aujourd’hui et dans la culture dominante, c’est l’homme blanc, de classe sociale supérieure, dans la force de l’âge, hétérosexuel, en bonne santé…. Il constitue la mesure de l’humain, le reste étant considéré comme « des minorités » : les femmes, les enfants, les vieux, les malades, les étrangers, les personnes de couleur, etc… Cet « homme autonome » se considère libre. Libre de travailler pour satisfaire ses besoins vitaux, puisque ceux-ci sont satisfaits par le travail d’autres êtres hiérarchiquement inférieurs : les femmes, les esclaves, les étrangers, les pauvres, les animaux domestiques, etc…  Et il se consacre à définir le monde et à contrôler les autres.

Voici comment dès l’antiquité grecque s’est produite une polarisation du monde entre deux sphères opposées et hiérarchisées :

Dieu – matière

Esprit – corps

Théorie – pratique

L’infini – la finitude

La polis – l’oikos

L’Homme – la femme, esclave, l’étranger, animaux domestiques

Liberté – dépendance

Autonomie – Besoins

Contrôle – service

Parole – le nommé, ce dont on parle

Depuis ce temps, la définition de base de l’économie n’a pas changé, de même que pas non plus le désir d’occulter notre interdépendance intrinsèque. Avec l’industrialisation la division du monde est « enrichie » en haut par la monétarisation du marché (MONNAIE et MARCHE) et en bas par l’AMOUR.

On crée une nouvelle sphère d’indépendance supposée : Le marche monétarisé, c’est-a-dire régi par l’argent et les lois de sa multiplication a travers le système de l’intérêt. Voici ce qui occupe dorénavant ce que l’on entend par « économie ». « L’oikos » c’est-a-dire l’espace dans lequel sont satisfaits plus de la moitié de tous les besoins humains, est ignoré, occulté, rendu invisible et considéré une grandeur négligeable. Et il est délégué à des êtres dont on ne comptabilise pas le travail, des êtres rendus invisibles également. Et le pire est que les personnes qui effectuent ces tâches si importantes, comme une mère de famille, diront elles-mêmes « qu’elles ne travaillent pas ».

La dépendance est donc occultée dans ce système patriarcal, car elle est considérée honteuse, puisqu’elle est contraire au postulat d’autonomie. La reconnaître exigerait de se reconnaître redevable. Pour les féministes auxquelles je me réfère,  il ne faut pas voir une antinomie ou contradiction entre autonomie et (inter)dépendance, mais il faut comprendre que la liberté a toujours lieu dans la relation, qu’il s’agit d’une liberté relationnelle.

Et la théologienne protestante Ina Praetorius, qui est a la base de ce que je viens d’exposer, remarque qu’avec les Lumières, Dieu a été déplacé vers la sphère inférieure, la religion étant devenue une affaire privée. La religion a été remplacée par la science et la raison, et en compensation les sentiments ont été attribués à la sphère inférieure. La culture a été attribuée à la sphère supérieure, tandis que la nature a la sphère inférieure.

Le marché devient donc maintenant l’espace de l’indépendance supposée et le propriétaire d’argent devient synonyme de l’Homme. La polis, l ‘Etat, devient « l’épouse de monsieur le Marché », lui devient donc subalterne et soumise a son contrôle. L’Etat et les familles doivent se charger des dépendants, de la satisfaction de leurs besoins. Et l’Etat doit garantir la stabilité monétaire, politique et juridique, fournir des infrastructures, passer des lois pour alléger le poids fiscal des riches, etc..  Garantir tout ce qu’il faut pour que Monsieur le Marché puisse triompher et célébrer son expansion.

Mais le système entre en crise au fur et a mesure que les êtres définis comme inférieurs n’acceptent plus le rôle qui leur est attribué, et que la nature, l’environnement, ce que nous appelons la création, ne supporte plus les dégâts qui résultent du découplage des sphères d’indépendance supposée.  Contrairement à l’argent qui est une fiction – par ailleurs très utile -, qui appartient au monde virtuel, les océans, les déserts, les forets, les glaciers,  etc. ainsi que nos corps vulnérables sont bien réels.

Que faire ?

Nos féministes proposent plusieurs axes d’action, dont je vous en présente deux :

1/ le développement de ce qu’Ina Praetorius appelle la « merdologie », une discipline composée de la théorie, de l’économie et de l’éthique de la merde. Il s’agit de réfléchir et de prendre conscience de ces secteurs de l’économie qui dans notre société sont considérés particulièrement « ingrats », mais indispensables, et notamment le travail domestique (en particulier des tâches telles que changer des couches et nettoyer les WC), le travail des soins aux personnes dépendantes (encore changer des couches et nettoyer des WC) et le travail dans l’agriculture (nettoyer l’étable). Il s’agit de penser et de rendre visibles tous ces aspects fondamentaux de notre existence qui sont invisibilisés, considérés honteux, tabou, et qui sont a la base des rapports de pouvoir et de genre. Il s’agit de questions agricoles, écologiques, liées au recyclage, a la décharge des ordures,  l’économie des soins, la canalisation et les systèmes sanitaires et d’hygiène, etc… qui fait ce travail ? Que ferions-nous si personne ne voulait plus faire ces travaux ? Quel en est le statut social, la rémunération…..

2/ s’engager dans le mouvement pour un Revenu de Base Universel Inconditionnel et suffisant pour garantir une vie en dignité. Il s’agit de promouvoir l’idée de séparer travail et revenu. Il s’agit de questionner le mythe qu’il faut travailler pour avoir un revenu. Que les personnes perçoivent des revenus qui correspondent à l’utilité de leur travail pour la société. Que seulement une activité rémunérée par de l’argent est du travail.

Et puis, notre système économique détruit de plus en plus d’emplois rémunérés, par la rationalisation, l’automatisation, etc… en même temps, beaucoup d’activités utiles et nécessaires ne sont ni reconnues ni rémunérées et bien de besoins humains et sociaux ne sont pas satisfaits, car ils impliquent un travail que personne ne veut faire, parce que les gens qui voudraient le faire sont occupées a gagner de l’argent.

Un Revenu ou allocation de base universelle et inconditionnelle libérerait les gens, car ce n’est que lorsque je ne dois pas être rentable que je peux opter pour faire des choses productrices de sens et non pas d’argent. Malheureusement je ne peux pas approfondir plus toute cette question passionnante, mais il y a des vidéos en français qui peuvent donner des détails plus concrets sur le sujet. Il existe depuis trente ans un mouvement international pour le Revenu de Base qui organise des Congres tous les deux ans. Je viens d’assister au 14e Congres qui s’est tenu au mois de septembre près de Munich et j’y ai rencontré des activistes français, espagnols, néerlandais, américains, belges, canadiens, brésiliens, japonais, de l’Inde, africains, etc… Il y a déjà des projets pilotes très prometteurs dans plusieurs pays du Sud, comme en Inde, an Afrique, au Brésil. En Suisse, une pétition a été lancée au printemps pour recueillir 100.000 signatures pour demander au Parlement de modifier la constitution et en faire un droit constitutionnel. Ils sont à quelques 47.000 signatures. Une pétition au niveau européen a échouée pour des raisons formelles, mais elle vient d’être révisée et relancée.

Deuxième signe des temps : Les femmes deviennent sujet politique et réclament la reconnaissance de leur Droits humains – Réorganisation de l’espace publique / espace privé

La maitrise de leur fécondité, la mécanisation/automatisation du travail domestique et la division sociale toujours plus poussée du travail en général a eu des répercussions profondes sur la vie des femmes.  Maitrise de la fécondité, mécanisation du travail domestique et approfondissement de la division sociale du travail sont des phénomènes qui se conditionnent mutuellement. Le progrès de la recherche a permis de produire la pilule et en même temps de développer l’industrie et le marché de l’électroménager. Mais il fallait en parallèle créer le besoin pour ces produits ainsi que le pouvoir d’achat pour les consommer. Quoi de mieux que de faire participer le plus grand nombre de femmes au marche de l’emploi, le éloigner du domicile, pour créer le besoin de diminuer le poids du travail domestique, afin qu’elles aient le temps suffisant pour vaquer a ces deux sortes d’occupation. A condition aussi qu’elles fassent moins d’enfants. Et puis, si elles disposaient d’une rémunération, elles pouvaient payer ces produits électroménagers qui allaient leur faciliter la vie en mécanisant une partie des tâchés ménagères….. Ce qui reste encore à parachever en très large mesure est que les hommes, qui voient désormais diminuer le poids de leur responsabilité de fournir les moyens financiers nécessaires à la famille, assument leur part dans le travail domestique.

L’indépendance économique des femmes et la maitrise de leur fécondité assortie  d’infrastructures sociales de prise en charge des enfants, des personnes âgées et des malades pendant qu’elles travaillaient a l’extérieur de leur foyer allait avoir des répercutions énormes sur l’institution de la famille telle qu’elle s’était développée depuis la révolution industrielle. Dans la société pré-industrielle, comme on a vu, la famille était un ensemble économique relativement autosuffisant ou chaque membre apportait quelque chose à l’ensemble. La grande famille était la norme. Et selon l’hypothèse du sociologue allemand Ulrich Beck dans son livre écrit avec sa femme, Elisabeth Beck-Gernsheim, « Le chaos complètement normal de l’amour », l’industrialisation allait amener deux grands bouleversements : 1/ la séparation du lieu de travail et du domicile et 2/ la grande famille cédait la place a la famille nucléaire constituée d’un couple et leurs enfants. La famille devient alors une institution a caractère féodal, les relations du couple des relations de servage : le mari fournit « protection » et les moyens d ‘acheter de quoi vivre, la femme est réduite a la servitude au domicile, doit obéir a son époux et est redevable de la corvée, c’est-a-dire du travail domestique non rémunéré et dont se produit une dévalorisation croissante. En fait, l’industrialisation a signifié une régression pour le statut des femmes, qui était meilleur ou tout au moins, moins mauvais dans des périodes antérieures.

Mais avec la maitrise de leur fécondité les femmes peuvent vivre dans leur propre chair ce que les hommes ont toujours vécu : la séparation entre sexualité et procréation. Et avec l’indépendance économique, elles s’affranchissent aussi de la servitude propre au modèle de famille de l’époque industrielle. Le patriarcat est fortement ébranlé. Les femmes n’ont plus besoin de « protection » masculine et les hommes ne peuvent plus prétendre à leur serf privé. Le taux de divorce peut être pris comme indicateur de ces changements. Il monte en flèche.

Le féminisme de la deuxième vague apparaît et revendique que le privé est politique. La famille comme lieu de socialisation du système de pouvoir patriarcal entre en crise, le patriarcat en souffre les conséquences. Et 50 ans après Pacem in terris et de Vatican II, nous avons des femmes à la tête de plusieurs pays du globe et le pluralisme des modes de vie devient une réalité de plus en plus culturellement acceptée. Le privé a triomphé du politique.

Le patriarcat est mortellement blessé par toutes ces évolutions et ses plus grands partisans s’organisent pour sa défense. Surgissent les différents fondamentalismes, qui au-delà quelques différences superficielles sont tous d’accord sur une chose : la misogynie. La femme incarne pour eux l’Autre, celui qui doit être défini, contrôlé, dominé et/ou « protégé ». Se réclamant les gardiens de la tradition, les représentants sur Terre de leur Dieu,  les seuls et légitimes détenteurs de La Vérité, ils partent tous en croisade contre les droits des femmes, qui symbolisent le droit a la différence, le droit a l’altérité, le droit a la pluralité. La famille nucléaire hétérosexuelle procréatrice de type féodal est érigée en modèle unique et sacré. Les femmes sont expropriées de leur corps qui devient soit couveuse pour les uns, objets sexuel ou marchandise pour les autres,  et elles sont bannies de l’espace publique, sauf quelques exceptions qui servent d’alibi. La sécularisation et la laïcité, c’est-a-dire l’acceptation de l’altérité, du pluralisme, sont combattues, si non explicitement, alors par la manière d’agir.

Une conclusion importante qu’on peut on tirer est que toute lutte contre les fondamentalismes et pour la laïcité doit partir nécessairement de la reconnaissance et de la promotion des droits des femmes, des droits de l’Autre.

Et un symptôme de plus pour l’ébranlement du patriarcat est que face a la montée des fondamentalismes, nous assistons à une sécularisation grandissante, qui peut paradoxalement aller tout a fait de pair avec ce que l’on nomme un « retour du religieux ».

Regardons le cas du fondamentalisme catholique qui est celui que nous subissons en chair propre. Le Concile Vatican II avait préconisé la liberté religieuse et la liberté de conscience. Or loin de concevoir ces libertés dans leur intégralité et dans l’ensemble de l’esprit des Droits humains, pour le Vatican elles sont instrumentalisées pour réclamer des privilèges.  L’Etat doit se limiter dans ses prétentions de contrôle et son droit de regard en ce qui concerne les activités de l’Eglise, même lors que celles-ci ne sont pas de l’ordre strictement spirituel mais de l’ordre économique.  Ainsi : pas de droit de grève pour les 1,3 millions de salariés d’entreprises du secteur social (éducation, santé, personnes âgées, etc..) appartenant a l’Eglise en Allemagne, et cela au nom de la liberté de religion. (Quoique  peut-être aura-t-il bientôt des évolutions dans ce domaine, vue une décision toute récente d’un tribunal allemand en la matière). Voilà que l’Eglise se porte en grande défenseure de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Ce qui ne l’empêche pas pour autant d’encaisser les impôts de l’Eglise ni d’exiger des financements publics de différentes sortes. Liberté religieuse. Or, quand la hiérarchie s’arroge à son tour le droit de se mêler de processus législatifs, quand le Vatican/Saint Siege participe par exemple aux travaux des Nations Unies et tente d’imposer au monde entier ce qu’il considère être la doctrine catholique en matière de maitrise de leur fécondité par les femmes, il se revendique comme Etat et prétend parler au nom non du millier de citoyens de la Cité du Vatican, mais de la communauté catholique universelle.

Mais dans la société européenne au moins, la séparation du religieux institutionnel et du politique est de plus en plus un acquis culturel, s’il ne l’est pas dans les lois de tous les pays. Et plus encore, aujourd’hui pour la grande majorité des fidèles catholiques, et non seulement en Europe mais dans le monde entier, on peut parler d’une sécularisation de deuxième degré, car dans leur vaste majorité nous pratiquons la séparation entre l’Eglise et la religion. Il suffit de penser à la pratique de la contraception.

Il faut cependant rester très vigilants, car les fondamentalismes s’allient entre eux, se professionnalisent de plus en plus en matière de lobbying politique et savent instrumentaliser le langage des Droits humains et  toutes les institutions politiques modernes. Et ils dominent très bien les moyens modernes de communication.

Troisième signe des temps : Les femmes comme décolonisatrices ou « Ne me libérez pas, je m’en charge ! »

Il y a tout juste quinze jours, j’ai assisté à un colloque organisé par le Collectif Féministe pour l’Egalite à Paris, une organisation née du débat sur le port du voile musulman.  Une des intervenantes a proféré, a un moment donné, l’exclamation suivante : « Ne me libérez pas, je m’en charge ! » Cet énoncé résume très bien ce que l’on pourrait appeler la décolonisation de la pensée. Comme le dit le Thinktank interreligieux féministe en Suisse dans la présentation de leur Manifeste de 2011 intitulé « Liberté des femmes et religion sont conciliables » : « On discute de la religion sur la base de ses manifestations et symboles extérieurs – et généralement de manière négative. Ceci est particulièrement vrai concernant les “religions immigrées”. La religion est souvent utilise en politique comme instrument pour identifier et définir une culture normative. Elle sert a définir et a défendre une « culture et des valeurs  chrétiens dominants » contre les diverses populations et cultures de migrants. Bon nombre de féministes et quelques groupes de gauche font l’équation entre « religion » en tant que telle et fondamentalisme, discrimination des femmes et obscurantisme. Leur lutte pour les droits des femmes est souvent aussi une lutte contre la religiosité. Les débats féministes sur l’égalité de genres et les droits des femmes privilégient souvent un concept occidental absolutiste de l’émancipation qui impose comment des femmes croyantes non occidentales (et en particulier musulmanes) devraient s’émanciper. Une telle attitude nie leur droits a l’autodéfinition et a l’auto-détermination. Par le matraquage permanent du stéréotype de « la » femme musulmane opprimée, toute une religion est stigmatisée comme misogyne. En même temps, cela fait le jeux de groupes d’extrême droite qui soutiennent la libération de femmes musulmanes opprimées tout en promouvant l’islamophobie et la xénophobie ».

Dans cette partie je ne m’attarderai pas sur le processus de réorganisation géopolitique de la planète qui a eu lieu après la fin de la Deuxième Guerre mondiale et qu’on nomme décolonisation. Car mes connaissances dans cette matière extrêmement complexe sont insuffisantes. Je ne veux retenir que le fait que les populations et les territoires qui se trouvaient sous la domination politique et économique directe et patente des puissances européennes se sont libérées, dans des conflits sanglants, de ce joug pour succomber a une nouvelle forme de domination, moins immédiate et visible, mais au moins aussi violente, sinon plus violente encore.

La colonisation avait été justifiée par le paradigme patriarcal et raciste de la suprématie de l’Homme blanc, compris comme le produit le plus achevé de l’Histoire universelle,  la mesure du progrès et du bien. Et l’Allemagne nazie a montré les résultats de la mise en pratique méticuleuse de cette idéologie.

L’analyse féministe des rapports de genre dans une société patriarcale a permis de comprendre le paradigme central qui polarise la réalité et crée une hiérarchie entre ces deux poles opposés, le masculin incarnant la norme et le féminin la déviance et la déficience. Or, en matière de colonisation nous trouvons le même paradigme. L’Autre, le non européen, le non-blanc, sa société, sa culture, sa religion, son système économique, tout est défini dans des termes de déficience, de manque, d’imperfection, dans un monde polarisé et ou l’Homme blanc et son monde occupent la sphère hiérarchiquement supérieure (le Nord aujourd’hui) et « l’Autre » la sphère inférieure (le Sud).

Et il faut se rappeler que les colonisateurs se sentaient dépositaires d’une mission divine d’aller prêcher à toutes ces populations « ignorantes » et donc « infidèles » la Bonne Nouvelle d’un Dieu (mâle, blanc et aux yeux bleus) qui attendait qu’ils prennent leur croix sur leurs épaules pour le suivre au Calvaire, afin d’être sauvés de leur péchés, de toutes leurs « idolâtries » et de leurs Dieux, qui par définition ne pouvaient pas être le Bon Dieu car ils étaient autres.

Et il faut prendre conscience que nous avons été toutes et tous si profondément « évangélisés » dans cette pensée qu’on la retrouve partout dans toutes les formes de connaissance du monde développées en Europe et en Occident depuis 1500 ans. Or, c’est avec la décolonisation, avec l’expansion de l’impérialisme néolibéral et la crise de l’Etat-nation et des identités collectives qui résultent de la croissance de la domination politique des corporations multinationales et transnationales, ou pour le dire autrement, par la globalisation, qu’a partir du féminisme, qui est un humanisme critique de libération, nous arriverons peut-être à une prise de conscience et une compréhension de cet assujettissement de la pensée. Alors peut-être arriverons-nous a nous en libérer, a décoloniser la pensée.

Car à partir d’une épistémologie féministe, c’est-a-dire a partir de la question : comment est-ce que nous connaissons ce que nous connaissons, en tant que femmes, c’est-a-dire en tant qu’Autre ? C’est en nous situant donc dans l’altérité, dans la perspective de l’Autre, de celui ou plutôt de celle qui n’est pas la Norme, que nous osons entrer en dialogue avec les autres « Autres » : les non blanches, les pauvres, les non hétérosexuelles, les malades, les vieilles et les jeunes, les étrangères, les musulmanes voilées et non voilées, etc.. et que nous les écoutons. Nous leur donnons la parole, ou plutôt, nous nous taisons et nous permettons qu’elles la prennent et se disent elles-mêmes, qu‘elles se définissent ainsi que leurs désirs, leurs conceptions du Bon Vivre. Et voilà que nous découvrons la théologie féministe indigène, noire, womaniste, mujerista, musulmane, queer, éco-féministe, etc…

Et nous constatons qu’il y a discordance avec le message de la Pensée Unique. De la pensée hégémonique. Qu’il y a des perspectives alternatives, des définitions alternatives et multiples de ce qu’est une femme, de ce qu’elle souhaite faire de sa vie, des moyens de son émancipation et de ce dont elle aspire a se libérer. Ce n’est pas a nous, en tant qu’Occidentaux en crise identitaire ou a quiconque de leur imposer ce qu’est l’émancipation de la femme, ni de ce qu’est une femme libre.

Et ce dialogue nous amène a nous questionner sur notre propre libération en tant que femmes et par delà en tant qu’hommes aussi. Est-ce que nous sommes libres ? Ou est-ce que peut-être nous ne faisons que nous conformer a un modèle culturel hégémonique façonné et imposé par le Marché, par les médias et la consommation ? Par un marché de l’emploi régi par la loi du profit et de l’argent ? Est-ce que nous avons part au Bon Vivre  ou ne sommes-nous pas plutôt des rouages aliénés dans un système inhumain et deshumanisant qui détruit notre planète et plonge des populations entières dans la misère, la transhumance, la guerre, etc…

Ce dialogue nous permet également de comprendre que nous devons être très vigilants quant à l’instrumentalisation néocolonialiste de la lutte pour les droits des femmes… Les grandes machines de façonnage de l’opinion publique, qui sont très souvent dans les mains de potentats économiques, font du matraquage systématique des stéréotypes des femmes dans les pays autres que les nôtres, ou dans des cultures autres que les nôtres. On nous montre systématiquement ces femmes comme des victimes soumises et vulnérables. Ce faisant on prépare le terrain pour justifier que « l’Homme blanc aille défendre des femmes brunes de l’oppression par des hommes bruns ». Et on dissimule en même temps toute l’oppression dont sont victimes les femmes – et aussi les hommes – dans nos pays et nos cultures. Il suffit de penser au culte du corps et a la sexualisation a outrance de notre société. Il suffit de penser a la violence de genre dans nos pays « développés » , il suffit de penser a l’oppression des femmes au sein de notre propre Eglise.

Conclusion :

Je termine sans offrir des solutions ni donner des réponses, mais simplement ayant posée quelques questions et suggéré quelques pistes.

Nous nous définissons comme membres d’une communauté de disciples basée sur l’enseignement de l’Evangile. C’est un message de libération. Il nous dit que nous avons le droit et l’obligation de voir par nos propres yeux, de marcher de nos propres pieds et ce faisant de faire notre propre chemin, de sortir de nos prisons quelles qu’elles soient. Comme j’ai appris auprès d’Asma Lamrabet, une théologienne féministe musulmane marocaine que je ne peux que vous recommander, le postulat de ne croire qu’en un Dieu unique, de ne pas admettre d’autres Dieux a côté de lui (ou d’elle) est libérateur dans le sens que cela me permet de m’affranchir de toute soumission a qui ou a quoi que ce soit : ni le pape, ni l’argent, ni le sexe, ni la consommation, ni la carrière, ni rien d’autre. Comme le disait Teresa d’Avila : Solo Dios basta : Dieu seul suffit.  J’ai aussi appris d’elle que le Coran est un message de libération au même titre que l’Evangile. Qu’en fait il ne veut pas instituer une nouvelle religion mais rappeler le message libérateur de la Bible, que les gens avaient tergiversé et oublié entretemps. Et qu’elle travaille a déblayer la conception patriarcale qui domine le monde musulman actuel pour revenir aux sources, au texte lui-même et rappeler qu’il s’agit d’un message libérateur et d’équité des genres. Qu’il est une source et un outil pour l’émancipation des femmes musulmanes, dans la loyauté a leur culture et leur tradition.

Jesus proclame un Dieu de la vie, et il cherche à libérer toutes les personnes qu’il rencontre de la souffrance, de la faim, de la maladie, de la peur, de l’exclusion. Alors comme disciples nous devons continuer sur cette voie :

–         Dans un système économique ou l’emploi rémunéré devient de plus en plus précaire et rare, nous pouvons œuvrer pour que toute personne ait droit à un revenu qui lui permette de vivre une vie en dignité et vaquer aux occupations qui donnent sens a sa vie et qui créent du tissu social. Nous pouvons également, comme le dit Marcela Lagarde, une féministe mexicaine, nous engager dans la « maternisation de la société et la dématernisation des femmes », c’est-a-dire faire en sorte que toutes les activités vouées a prendre soin des personnes soient revalorisées et ne plus considérées comme le champs réservé par obligation aux femmes au prix de leur auto-négligence.

–         Dans le champ du politique, nous pourrions prendre conscience du fait que tout est politique, non seulement ce qui se passe au niveau des institutions de l’Etat, mais aussi dans la vie privée et la famille. Nous pouvons nous engager dans la lutte contre les fondamentalismes. Pour ce faire il faut lutter pour les droits des femmes et de l’Autre, mais en veillant que la lutte pour les droits des femmes et de l’Autre ne soit pas instrumentalisée. Qu’elle ne serve par exemple pas de prétexte pour justifier une guerre « humanitaire », comme ce fut le cas en Afghanistan ou cela pourrait être le cas en Afrique. Je voudrais profiter pour attirer votre attention sur un manifeste d’Aminata Traore, féministe et femme politique malienne qui lutte contre ce qu’elle appelle la guerre par procuration qui risque d’éclater au Mali, s’il y a intervention étrangère.

–         Dans le champ que j’ai appelé la décolonisation de la pensée, nous pourrions procéder à un profond examen de conscience pour analyser jusqu’à quel point nous avons des attitudes racistes inavouées. Jusqu’à quel point nous sommes convaincus de notre supériorité par rapport à d’autres nations, cultures, religions et classes sociales, parce que nous analysons leur réalité a travers nos grilles de lecture, sans faire l’effort de nous mettre dans leurs chaussures et regarder les choses a travers leurs yeux. Cela demande un gros effort de dépaysement. Mais le faire est incroyablement enrichissant. D’un point de vue religieux c’est cela que l’on appelle l’inculturation de l’Evangile. Or nous savons à quel point le Vatican en est hostile, au point même de revenir à la messe en latin. Ici je conseille vivement d’organiser des échanges avec des théologiennes féministes musulmanes, par exemple. Ou avec des féministes musulmanes vivant en France, particulièrement stigmatisées et devenues l’objet d’une grande hostilité.

Une soirée tout en chansons avec Christiane Oriol

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Dimanche 2 décembre 2012 matin

Compte-rendu des réunions du CA et du bureau

Gerardo Ramos : Intervention sur la question du mariage pour tous au nom de David et Jonathan

40 ans de DJ cette année.  Cadeaux de Mgr Barbarin et Vingt-trois « qui nous ont fait beaucoup de publicité », 60 sollicitations de médias.

Les membres de DJ « ne sont pas très portés sur le mariage » mais c’est une question de société qui se pose depuis 2004 au sein du collectif LGBT.

Position de DJ encore en débat ; important d’être soutenus par d’autres chrétiens. DJ est favorable au mariage civil pour tous (un autre mot risquerait d’être stigmatisant) : reconnaissance de l’amour d’un couple et égalité des droits pour toutes et tous. Pour le mariage religieux, le débat doit avoir lieu au sein des églises. DJ favorable globalement à l’homoparentalité ; favorable à la PMA pour les couples de lesbiennes. Pour les couples gays, débat autour de la gestation pour autrui, qui d’ailleurs n’est pas autorisée pour les hétérosexuels non plus (exemple d’un couple d’hommes qui ont eu des jumeaux avec une mère porteuse américaine, mariée et mère de famille, qui reste en contact avec les enfants).

Manif le 16 décembre à Paris pour soutenir le mariage pour tous. Bastille – Opéra, 14h.

International

François Becker – réseau européen – IMWAC – coordination européenne des CCB

Problème du nombre de participants, besoin de forces vives.

Le rapport rédigé par FB sur les droits de l’Homme et les religions sera rendu public, il pourra aussi l’envoyer par mail.

G3i : le groupe comporte effectivement des participants de convictions très diverses.

L’année prochaine : année européenne de la citoyenneté.

Council 50, a new aggiornamento

Projet lancé conjointement en 2008 par IMWAC et le Réseau européen

« Vivre en Eglise dans le monde au 21ème siècle »

Partir de la base et faire remonter les vécus locaux ; partages d’expériences à tous les niveaux

Remontées à Rome en 2015 à partir de rencontres locales, régionales,( inter)nationales

Projet de rencontre en Europe 2013 ou 2014 – rassemblement à Rome en décembre 2015.

Didier salue l’énorme travail de François B et insiste sur le besoin de bras pour renforcer les équipes qui travaillent à l’international.

Conférence de presse le 9 octobre 2012 à Rome ; Didier cite l’un des 12 points du communiqué où on trouve l’essentiel de nos perspectives.

L’Eglise ne peut se faire qu’en se reliant au monde, cf. l’Amérique latine et notamment la théologie de la libération et les communautés de base.

Réseaux du Parvis  –  Assemblée Générale 2012

Orientations  2013

→           Préciser nos principes fondamentaux et notre positionnement vis-à-vis des institutions d’Eglises. Réfléchir à l’avenir et aux transformations possibles de Parvis compte tenu de l’évolution actuelle des associations membres. Contacts avec de nouveaux groupes et soutien à la création et au développement de groupes régionaux.

→            Poursuivre la réflexion sur le degré d’engagement des Parvis dans le mouvement international, en particulier le projet Council 50, préciser quel sera notre implication dans les actions en préparation à Rome en 2015, liens avec le Réseau Européen Eglise en liberté et IMWAC.

→           Proposer et développer un espace  inter-générationnel de recherche spirituelle et de renouvellement de l’expression et des pratiques de la foi, contribuant ainsi au renforcement du soutien à la JEC, de même qu’à l’ouverture vers les jeunes et leur accueil dans les associations

→           Renforcer le soutien au comité de rédaction pour l’élaboration et la promotion de la Revue comme moyen essentiel de communication et de réflexion au sein des Associations de Parvis et à l’extérieur.

→           De même que pour la revue, poursuivre l’amélioration du site internet, également outil essentiel de communication, notamment en renforçant ses moyens

→           Encourager les activités du groupe « Evangile et Société » pour soutenir la réflexion des associations qui tentent d’ incarner l’Evangile dans le quotidien des luttes avec les pauvres et les exclus. Cela doit concerner les problèmes de société évoqués notamment par les latino-américains et autres pays en développement.

→           Soutenir et trouver les moyens de renforcer le collectif « Amis de Parvis »

→           Poursuivre et intensifier le soutien à l’OCL

→           Développer les liens entre associations, et des rencontres plus fréquentes entre les membres du bureau et les associations, qui doivent notamment permettre à celles-ci d’exprimer ce qu’elles attendent de la fédération.

Après un débat, les orientations ont été votées à l’unanimité.

Un temps de célébration très riche en paroles et symboles

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Renouvellement du bureau

JPS rappelle la constitution actuelle du bureau. Annie Barbay et Jean Riedinger quittent le bureau.

Appel à candidatures : 

Jean Pierre Schmitz précise qu’on peut élire quelqu’un au bureau en cours d’année. Si on n’a pas de candidatures au prochain CA, on sera obligés d’adapter les activités du bureau en fonction du nombre et de l’énergie.

Signaler au bureau si des candidatures se manifestent.

Denyse continuera à faire le lien entre le bureau et le GIF, en accord avec Didier V.

28 votants – 28 voix pour chacun des candidats

J.P. Schmitz

J.P. Macrez

B. Tronchon

M.A. Jehl

M. Elain

G. Heichelbech

R. Harmand

M.P. Aude

Composition du Bureau :

Le Président : Jean-Pierre SCHMITZ

Le trésorier : Georges HEICHELBECH

Trésorier-adjoint : Jean-Pierre MACREZ

Le secrétaire : Maurice ELAIN

Secrétaire-adjointe : Marie-Anne JEHL

La célébration

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